1 août 2007

Souffleurs, vos papiers!

Le rideau, déjà! Hier soir me semble si... hier soir. C'est du délire que le temps passe si rapidement. C'est n'importe quoi, au demeurant.

«Ok la gang, on se replace, j'ai vu des choses hier soir, j'ai vu des choses. Toi Mathilde, ton texte arrivait trop lentement, on travaille ça pour ce soir ma belle hein, ça va entrer.»

Ça va entrer, mon cul oui. Sa belle Mathilde, j'aurais pu écorner les boeufs en lui criant à tue-tête son texte, elle l'aurait pas entré avec l'acier froid d'un semi-automatique collé sur la tempe. Mais bon, le metteur en scène - le metteur quoi - semblait apprécier Mathilde pour plus que sa cuisine. Faut pas lui en vouloir, ce pauvre con. Il a tellement rien pour lui. Je la plains, ELLE.

«Vas y bébé, joue moi ça, le souff est là pour t'aider.»

Bin oui je suis là pour l'aider. Je pourrais faire les meilleurs circuits d'Europe moi, je pourrais tout faire, avec ma mémoire d'éléphant, mon sens inopiné du drame, ma manière de me déplacer, mon charisme à se jeter par terre. Bon enfin, c'est ce que maman me dit. Je jette par terre, vous savez, dans mes temps libres, pendant que j'y force pas trop, oh! Faudrait pas, vous imaginez!

- «Vas y bébé!» - Un soir, t'en souvient-su? Nous voguions en sil....
- «T'en souvient-il, t'en souvient-il qu'il a écrit Lamartine, chose»

- Ah ah ah, cassée! Je m'en rappelle jamais trop. Je suis trop artiste je crois, hein!

- Ouais bin c'est t'en souvient-il, c'est comme ça c'est écrit comme ça, alors on y va pour s'en souvient-t-il 'bébé' yabon?

- Ah, pourquoi on peut pu adapter à notre réalité du jour maintenant? S'en souvient pu, c'est bon ça aussi non?

Je me rappelle petit, jeune marmot, fallait tout faire comme c'était fait avant. On récitait, "point blank", sans poser de questions. Le métier était fait de ça, ramener au plus simple. Ramener rien à rien. Mon espèce est en voie d'extinction. On souffle à qui, mais à qui? On souffle quoi, à des adeptes de l'improvisation? L'improvisation! La mort du souffleur de métier, comme moi. L'idée libre, folle, qui se détend jusqu'à plus soif.

Ah le monde est abject. Le monde est injuste. Moi qui toutes ces années a étudé les grands textes, les échanges grandiloquents. Moi qui a mis mots en bouche à toute une pléiade d'acteurs, de soi-disant disciples de la langue, j'en suis rendu à ceci, produire pour le plus simpliste metteur en scène matière à...

- «Bon, on reprend à un soir, allez action, on la fait avec le feeling.»

Misère.

- «Misère, un soir t'en...»

- Non non, c'est pas ça, c'est pas.... ah fuck it, j'aurais dû devenir dermatologue comme maman voulait.

3 commentaires:

Mathieu a dit...

Deleteux de commentaire,

à bas la CENSURE.

M'enfin...

Tout ça pour cacher le fait que tu es analphabète ;-)

Philémon a dit...

Non du tout mon cher, j'ai par erreur complètement effacé mon post alors j'ai dû le recopier... mais j'ai corrigé, tu auras remarqué.

Mathieu a dit...

Oui j'ai remarqué que tu avais aussi changé quelques mots ici et là.

D'ailleurs, tu as rayé tout le passage où tu parlais de la conjoncture actuelle et de ton incapacité à contenir tes larmes lorsque que tu atteins l'orgasme.

;-) <-- ceci est un clin d'oeil