16 avril 2010

Kick-Ass, ze film!

Pour adapter une bande dessinée au grand écran, il faut posséder une grande abnégation, car l’estime de soi peut en prendre pour son rhume. Rien de plus difficile à satisfaire que les fans finis du 9e art (à part les Trekkies et les apôtres de Tolkien, mais n’allons pas là).

D'un côté, les puristes ne se feront ni prier ni attendre pour démolir sur la place publique toute œuvre jugée en deçà des attentes. Qu'on pense aux adaptations récentes de Daredevil, Catwoman, Fantastic Four, The Punisher, Hulk, l'autre Hulk, Elek... Bon d'accord, on n'a pas toute la journée. Leçon à tirer: quand l'équipe de réalisation décide d'adapter en dénaturant l'œuvre, rien de bon n'en sort.

De l'autre côté, certains réalisateurs téméraires se sont aventurés sur le chemin étroit certes, mais oh! combien valorisant de l'adaptation fidèle. La bande dessinée étant déjà un art visuel, le défi est là: transposer les planches en scènes. Ceux qui ont réussi sans y perdre leur âme - pensons à Watchmen et à Tank Girl - n'ont pas toujours profité d'une grande popularité aux tourniquets. Les deux Batman de Christopher Nolan faisant exception.

Dans son adaptation de la très jouissive BD Kick-Ass de Mark Millar - auteur de génie ayant sous la cravate des titres comme Wanted, Civil War et American Jesus - le réalisateur Matthew Vaughn (Stardust) tente de ménager la chèvre et le chou. D'un côté, il réussit une formidable adaptation visuelle de l'œuvre mise en images par le dessinateur John Romita Jr. Sa réalisation rythmée avance à bâtons rompus - c'est le cas de le dire - et coupe parfois court dans le récit de base pour aller à l'essentiel.

De l'autre côté, et c'est malheureux pour ceux qui ont lu avant d'avoir vu, Vaughn ne se gêne pas pour voler un peu (beaucoup) l'âme du roman graphique de Millar. Reste l'excessive violence dans laquelle baigne l'histoire, certes, mais les contraintes difficiles de l'adolescence sont ici effacées au profit de blagues prépubères qui amusent, mais n'amènent aucune profondeur aux personnages, ce dont le livre regorge. Mais n'allons pas pleurer des larmes de crocodile pour personne: l'auteur Mark Millar, producteur exécutif du film, a clairement eu son mot à dire et cela paraît.

Et l'histoire? Kick-Ass, c'est Dave Lizewski, un jeune Américain tout aussi ordinaire que n'importe quel jeune trié au hasard. À la différence qu'il sera le premier à s'autoproclamer «super héros». Pourquoi personne avant lui n'a jamais osé revêtir un costume pour défendre la veuve et l'orphelin, voilà une question qui le tarabiscote. À tel point que, se sentant investi d'une mission, il commande via le web un costume de plongée, s'équipe d'un bâton de combat et hop!, part en guerre contre le petit banditisme.

À sa première... ahem... escarmouche, il comprend rapidement pourquoi personne avant lui n'a osé revendiquer le titre de justicier des rues.

Pour ce qui est du reste, sachez simplement qu'il y a du sang, des armes, 172 blagues grivoises et l'apparition d'autres «super héros» qui n'attendaient que leur moment pour briller. Ah oui, il y a Nicolas Cage aussi, dans le costume de Big Daddy. Et Chloe Moretz dans celui de Hit Girl. Le nom ne doit pas vous dire grand-chose, mais vous allez vouloir l'adopter, c'est garanti. Elle vient d'avoir 13 ans. Elle est ce que ce film offre de meilleur. Pensez à un croisement entre le personnage de The Bride (Uma Thurman) dans Kill Bill et de Trinity dans The Matrix. Ajoutez ensuite 20 tonnes d'attitude.

Vous n'avez pas lu la bande dessinée? Alors Kick-Ass, ça vaut définitivement le déplacement, et vous serrerez le poing souvent en criant «oh yeah!», bêtement. Vous voyez bien que ça vaut la peine.

Paraît-il que Vaughn est pressenti pour adapter une autre œuvre de Millar, American Jesus - qui raconte exactement ce que le titre annonce. Espérons simplement que la prochaine fois, le réalisateur et l'idéateur oseront coller au récit de base sans l'alléger au point de lui enlever trop de son... esprit.

1 commentaire:

Bêtisière première a dit...

critique très complète qui me donne encore plus le goût de lire la bd :)