L'autre soir, dans un passé vraiment pas assez lointain, il était 20h sous nos Tropiques. Moi et p'tite mamzelle sommes écrasés dans le sofa à se promener sur notre beau menu de télé satellite. «Oh wow», que s'écrit le jeune garçon en rut en moi, «Terminator... en français!» au poste 45340958 qui débute. Tout de suite, ma longue descendance d'explorateurs espagnols remonte en moi comme un saumon dans une chute. «Wow, quel grand moment», me mente-je, «on va regarder ça ensemble, héritière et moi. À son âge, j'avais TELLEMENT aimé ce film.» (Oui je sais...)
Le film commence, je lui explique grosso modo qui fait quoi. Il y a un robot méchant, un policier gentil, une actrice poche et le sort du monde en bout de ligne.
Et là, le ballet verbal commence. Entre crochets, je reproduis le non-dit ÉVIDENT de la conversation. C'est l'héritière qui amorce la chose.
- C'est tu lui le robot?
- Oui.
- Ah bon. Il a pas l'air d'un robot du tout [oh boy le petit budget].
- Bin non, pas encore mais tu vas voir! [papa excité, fillette regarde l'écran comme si c'était un aquarium.]
Quelques longues minutes passent.
- Lui, c'est le gentil?
- Oui.
- C'est un robot?
- Non, il est humain, il vient pour protéger Sarah Connor.
- Pourquoi?
- Parce qu'elle porte l'enfant qui sera un jour le libérateur de la race humaine dans la guerre des robots.
- Euh... pourquoi une guerre? [c'est bin niaiseux comme concept]
- Bin, les machines vont vouloir tuer les humains.
- Ah ok. [c'est bin niaiseux comme concept]
De longues minutes passent. Le chien aboie.
- Il est quelle heure là?
- 20h20, pourquoi?
- Juste de même. C'est lui le robot?
- Oui. Il a l'air méchant hein?
- Euh... oui oui. [c'est TELLEMENT cheap]
- Tu aimes?
- Euh... oui oui. C'est un vieux film hein? [dis moi oui!]
- Bin c'est pas si vieux, années 80.
- Ah ok [Années 80? Tu me niaises????? C'est tellement vieux et cheap. Pourquoi je regarde ça?]
- C'est un «classique» en son genre.
- Il est quelle heure?
Arrive la scène ou le beau soldat retourné dans le temps pour protéger Sarah Connor semble lui donner un iota d'affection, au moins 20 minutes avant qu'ils couchent ensemble. (spoiler: c'est le beau soldat le père du gars qu'il tente de protéger. Il a donc été envoyé dans le passé sans le savoir par son fils, pour protéger sa mère. Moi à 13 ans quand j'ai vu le film, j'ai trouvé ce punch splendide, et je l'ai pas vu venir, car je suis rapide comme une tortue morte sur l'autoroute 40 un mois d'août ensoleillé). BREF, on est 20 minutes avant tout ça, et chose là, à l'autre bout du sofa me lance:
- Ouf, c'est TELLEMENT évident que ça va être le père de l'autre!
- [outré!] Bin là, tu verras bien! [Va donc chier]
- Mouan. Il est quelle heure?
...
- Il est 21h.
- Bon, je vais me coucher, ça se termine comment le film? [ça se termine comment, ton ostie de daube de cul avec des effets à se chier dessus?]
- Le méchant meurt, le policier meurt, la madame survit et vas te coucher [tu m'écoeures].
- Viens-tu regarder un épisode des Simpsons avec moi pendant que je m'endors? [et que tu me grattes le dos, tu me dois bien ça après ce film, espèce d'insignifiant.]
- Ouan ouan.
J'aurais vu le film avec René Homier-Roy que ça n'aurait pas été différent. Hormis le grattage de dos.
5 commentaires:
Les jeunes ne savent plus ce qui est bon, je nos jours.
Les valeurs se perdent.
C'est pas JUSTE moi qui le dit.
Vous voyez ici à quoi sert les couvre-feux.
Tout cela ne se serait JAMAIS produit à Huntingdon.
D'ailleurs les satellites ne s'y rendent pas.
Chère cocotte, elle a du goût, elle. Je suis certaine qu'elle aimerait mes classiques à moi. Tu connais rien au filles, pffff.
As-tu essayé avec Rocky?
J'ADORE!
Publier un commentaire