27 août 2007

Ciel, mon marais!

Je rêvassais scrupuleusement dans un champ lorsqu'un arbre, sans crier gare, me poussa dans le dos et m'offrit le luxe de me servir de banc d'essai. Encore fallait-il avoir le goût de l'écrire, cet essai. J'avais déjà tenté la chose autrefois, alors que naguère je carburais aux effluves houbloneuses qui chaque lendemain matin me rappelaient à coup de crampes intestinales que j'étais fort mal avisé de dépenser ainsi mes fortunes acquises à coup de formulaires d'aide aux étudiants dûment remplies et postées dans les temps.

Mais je me disais alors que si ces fortunes étaient arrivées à moi, la faute ne pouvait être mienne car je bénéficiais du bon «patronage» de nos agents postaux qui, défiant vents, marées, veaux, vaches, cochons et jeunes mariées, se faisaient un devoir d'abandonner dans ma boîte postale mal peinturée un talon de chèque encore lié au chèque qui n'attendait que je lui gratte le dos pour être endossé.

Étant moi même maintenant endossé par cet espèce d'arbre filiforme, j'en étais à me demander ce que je devrais essayer. En n'écoutant que mon courage, je synthonisai sur ma chaîne portative la radio locale. Un jeune éphèbe, clairement polytraumatisé, y chantait l'amour des plantes grasses. Tout de suite, j'ai pensé à Boris Vian.

«Des petits nuages donnaient au ciel l'aspect d'un ciel parsemé de petits nuages, et c'était le cas.» *

Voilà qui ne m'avancait guère dans mon essai, mais j'étais sur une piste. Malheureusement, sur cette même piste atterrissa un avion cargo qui, ne faisant ni une ni deux, me passa sur le corps sans demander son reste, et les miens de restes furent inhumés aux pompes funèbres du coin. Comme quoi essayer est la première étape qui mène vers l'échec.**

Le saule pleureur qui me poussait dans le dos ne s'en remit jamais, fit une violente dépression et se transforma en poteau de téléphone qui sonna toujours occupé. Ca m'apprendra.
____

* L'Oie bleue, Boris Vian, circa 1949
** Homer Simpson, circa XXe siècle

4 commentaires:

El procrastinator a dit...

Taboire! Tu as encore joué avec ta médication...

Philémon a dit...

Ah, juste un peu pendant que mon médecin dormait.

Anonyme a dit...

Ne désespère pas, qui sait, y'a peut-être des racines qui vont pousser sur ce poteau de téléphone!

© Mel a dit...

Pauvre ligne de téléphone...