C'est quoi les Chroniques de l'ascenseur ?
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Les citations véridiques sont indiquées en gras pour l'instant.
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ding!
C'est très rare que ça sonne la nuit. Enfin, dans ma nuit à moi; on s'entend que ma relation avec la notion de vie diurne est un peu tordue. Mais j'arrive tout de même à maintenir un horaire un tant soit peu "réglé" pour mon beauty sleep. Mes habitués le savent bien et généralement se déplacent autrement quand je suis indisposé.
ding!
Mais là ça sonne. Comme j'appréhende toujours la mère éplorée qui veut conduire son enfant malade dans un lieu salutaire, je me botte un peu le cul pour faire l'effort et être disponible. Mais là, la porte ouvre pas. Charlotte est bien capable de me faire le coup du "J'ai déjà donné aujourd'hui, vous me faites plaisir et vous commettez un suicide collectif à l'instant le temps que je me rendorme". Je force donc la note.
Personne.
Techniquement, sur papier, c'est possible. Un imbécile machiavélique saoul peut très bien nous réquisitionner, pour ensuite plier bagage en riant et me laisser devant un vide substantiel. Mais à cet étage c'est impossible. Impossible. Rien qu'un grand couloir; assez long pour avoir le temps, en s'y aventurant, de refaire sa vie mille fois; assez long pour avoir le temps de la commenter, la lamenter, l'oscariser, l'analyser, la plaindre. C'est le but d'ailleurs. Au bout, cette grande lumière incandescente, ce moment de bonheur intangible dont nous ne connaissons rien. C'est ce qu'on ma dit.
Pierre me regarde, vissé derrière son lutrin depuis la nuit des temps.
- Gaspard! Pourtant nous n'avions pas rendez-vous. Pourrais-je croire à une visite dénuée d'intérêt salvateur?
- Salut Pierre. Ta décoration est toujours aussi nulle à ce que je vois. Tu tiens la route?
- Les voies du Seigneur sont impénétrables Gaspard. Ne sommes nous pas tous nourris quotidiennement du fruit qui...
- Tu t'es encore fait refuser des vacances toi hein?
- Crisse oui. Et tu devrais voir la contribution minimale qu'ils nous offre pour notre programme REER. Il reconnaît même pas notre accréditation syndicale, le con. On va lui en tendre une autre joue. Et c'est pas sans...
- Ouais bon.
(À défaut de paraître brusque, il est important de noter ici que si on ne coupe pas sauvagement la parole à Saint-Pierre, il se passe deux choses. Premièrement: il emmerde et se répète constamment. Secundo, il se répète et emmerde constamment. Mais ce gars est a-do-rable. Mais à petites doses.)
- Ouais bon, coupai-je. Écoute Pierre, je suis ici un peu par erreur, je sais pas trop. Je devais ramasser un client et, y'a personne. Mais ça se peut pas, pas ici. C'est pas toi qui a sonné hein?
- Je ne m'ennuyais pas à ce point-là.
- Bon alors je comprends pas trop. P't-être un pépin technique, ça fait un bail que Charlotte n'a pas été vérif...
TCHOMP!
La dernière fois que j'ai entendu TCHOMP derrière moi, j'étais sorti vérifier le câble. Quand je suis revenu, il y avait un bébé dans son moïse au beau milieu de l'ascenseur. Il était arrivé de la trappe au plafond. Trappe que j'ai depuis soudée.
Là il y a un type dans mon ascenseur. Et la trappe est ouverte. Ça ne me surprendrait pas d'apprendre qu'il a pris un bain dans du charbon. Ya l'air d'un mineur.
- Oh!!! C'est donc déjà commencé!
- Tu le connais, Pierre?
- Personnellement, non, mais j'ai connu votre mère jadis.
- Ça ne me dit pas ce... Quoi?
Ce n'est pas le silence qui s'ensuivit qui m'effraya. C'est la noirceur dans laquelle le couloir venait de tomber.
Il fait si froid.
Il fait si froid.
Je suis seul ici soudainement.
Et il fait si froid...
2 commentaires:
Tu commence à m'inquiéter...
C'est impossible, je dormais.
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